Les financiers aussi peuvent être innovants !
Parmi les croyances autour de l’innovation, il y a celle que l’innovation est réservée à certains métiers : la R&D, le marketing… mais aujourd’hui l’innovation devient une compétence à intégrer à tous les métiers. Et si l’on se pose la question de la capacité à innover des DAF, il n’est que de regarder l’exemple de Jeff Bezos, dont le parcours d’analyste de data financières lui a permis de devenir l’un des hommes les plus riches du monde ! Bel exemple d’application de l’innovation aux finances Que vous retrouverez détaillé dans mon ouvrage « Savoir-Innover, l’attitude innovation pour s’adapter au monde qui change » (*) et dont je vous donne quelques clés dans cet article.
1. En quoi les DAF sont-ils touchés par le savoir-innover.
Tous les métiers sont touchés par l’état de transition dans lequel nous vivons pour faire face à une complexité et une incertitude accrues. Les financiers comme les autres métiers doivent s’adapter à la nouvelle donne économique, réglementaire, environnementale…Dans l’étude (**) que j’ai menée fin 2021 auprès de 100 dirigeants, 92% déclaraient que l’innovation était clé pour faire face aux défis du nouveau monde .
L’art d’innover est celui de s’adapter, de tirer profit des situations, de voire les opportunités là où les autres voient des menaces. Comme Jeff Bezos qui a fait d’une librairie la plus grande épicerie du monde en développant Amazon qui capitalise aujourd’hui à près de 1000 milliards de dollars.
2. Quel est le rôle du DAF dans le processus innovation
Exerçant une fonction régalienne, comme le DRH, le DAF a le pouvoir d’accorder ou non des ressources, financières et souvent également humaines, dans le cadre du suivi des ETP comme KPI. La contribution du DAF est donc essentielle pour la mise en œuvre des projets et leur exécution.
Mais leur contribution peut dépasser le cadre de l’allocation en budget et effectifs, pour aller vers un rôle de contributeur actif aux étapes d’analyse : l’étape amont de la clarification du problème qui nécessite une vision chiffrée des prévisions, et à l’étape des solutions par une approche pragmatique de faisabilité.
Ils peuvent aussi apporter leur contribution par de nouvelles manières d’appréhender le financement des nouveaux projets par les nouveaux business models et les nouveaux moyens de lever des fonds.
3. Comment aider les DAF à développer leur savoir-innover ?
Comme je l’explique en détail dans mon ouvrage, il y a 6 conditions pour développer ses capacités d’innovation. Le DAF doit s’y soumettre s’il souhaite libérer son flow et être exemplaire en la matière : tout d’abord en avoir vraiment envie, ensuite, évoluer dans un environnement culturel qui va sinon l’aider au moins ne pas l’en empêcher, se donner du temps, des moments réguliers, un ou des lieux et des rituels qui vont l’inspirer, s’entrainer régulièrement et pourquoi pas, se faire accompagner pour rester dans sa ligne de responsabilité.
4. Comment aider les DAF à développer l’intelligence collective de leurs équipes ?
Si le DAF est lui-même exemplaire , les équipes suivront car « la créativité est contagieuse » selon Einstein qui en est un modèle absolu.
Toutefois quelques conditions faciliteront l’expression du flow collectif : la motivation de l’équipe qui va de paire avec le partage d’un sens commun, des règles de vie collectives favorisant la prise de risque, la reconnaissance des idées, et créer des RDV réguliers pour permettre aux équipes des finances , comme le dirait Einstein, d’ « entrainer leur intelligence à s’amuser » !
L’innovation une bonne école de l’intelligence émotionnelle
« Le challenge d’aller sur Mars est aussi psychologique » répète Thomas Pesquet, expliquant que les limites techniques se dépasseront assurément mais que les hommes sont confrontés à leurs limites neurologiques et émotionnelles. L’innovation technologique, avec ses nouveaux usages, crée une nouvelle réalité qui provoque toutes sortes d’émotions à commencer par la peur de l’inconnu. Les innovateurs sont au cœur de jeux émotionnels qu’ils doivent maîtriser pour pourvoir persévérer face aux obstacles inévitables des projets innovants. Je dédie à l’intelligence émotionnelle, dont font preuve les innovateurs par obligation et par goût, le premier chapitre de mon ouvrage « Savoir-Innover, l’attitude innovation pour s’adapter au monde qui change » et dont je vous donne quelques clés dans cet article.
1) Identifier son QE (Quotient Emotionnel)
En coaching comme en innovation, la première étape consiste à clarifier le problème. Quel est mon QE? Quelles sont les émotions équilibrées qui me rendent forts et celles, déséquilibrées, qui peuvent créer ma fragilité personnelle et relationnelle ? Le Test et la Roue de de l’EQi permettent en un coup d’œil de les visualiser.
Il n’existe pas de bon ou mauvais profil, la personnalité et le fonctionnement unique de chacun résulte de l’éducation, des échecs et réussites des besoins et valeurs profondes de chacun, mais il est certain que pour affronter l’innovation certaines compétences émotionnelles sont nécessaires.
2) Les émotions rencontrées quand on innove
Il se trouve que l’incertitude qui règne quand on innove provoque toutes la gamme des émotions de base : la peur de l’échec, la surprise bonne ou mauvaise, la colère des sceptiques face à une idée disruptive, la tristesse d’un projet abandonné, la joie de la réussite du projet et toutes les émotions de bien-être quand on crée dans son flow.
Dans tous les cas les innovateurs ignorent la tristesse du « c’était mieux avant », et même s’ils cèdent à des colères comme les fameux emportements de Steve Jobs, ils en sortent très vite, pour se concentrer positivement sur leur projet.
3) Pratiquer le shift émotionnel
Confrontés en permanence aux montagnes émotionnelles, les innovateurs sont rodés au shift émotionnel, cette attitude qui permet de changer d’état, passer d’une émotion qui rend négatif à celle qui rend positif. L’exemple d’Elon Musk, face à l’explosion de sa fusée au décollage, illustre cette capacité à ne pas se laisser envahir par la colère ou la tristesse de l’échec et le positiver en tant qu’expérience pour apprendre et corriger. C’est d’ailleurs nécessaire à tout leader d’être capable d’adopter un état émotionnel positif pour entrainer les équipes.
4) Développer les compétences émotionnelles spécifiques
Pratiquer l’innovation éprouve donc de nombreuses soft skills indispensables pour réussir. Pour cela, dans la roue de l’EQi ,il est préférable d’obtenir de bons scores dans les sous-échelles liées à l’innovation comme la résolution de problème bien sûr, mais aussi la réalisation de soi car il faut se sentir bien dans sa vie pour être sûr de soi, et l’indépendance pour rester convaincu de son idée malgré tous les détracteurs. L’affirmation de soi permet de communiquer sa conviction et la flexibilité d’adapter son idée initiale détectée grâce à l’empathie.
Quant à l’optimisme, il imprègne toutes les autres facettes de l’intelligence émotionnelle, pour colorer de positivité l’attitude du savoir-innover, l’attitude de leader exemplaire émotionnellement.
Un livre (et une attitude) pour s’adapter au monde qui change
J’ai le plaisir de vous annoncer la sortie de mon 1er livre « Savoir-Innover, l’attitude innovation pour s’adapter au monde qui change », paru aux @Editions l’Harmattan et disponible dès maintenant en librairie (Fnac, Cultura, Decitre…) en version papier et numérique.
https://www.editions-harmattan.fr/livre-savoir_innover
Le contraste entre l’optimisme des innovateurs et le défaitisme généralisé face au monde qui change m’a toujours fascinée. Dans l’#Innovation, il y a un pouvoir magique de transformation. Inspirés, visionnaires, lucides, les innovateurs ont cette capacité incroyable à trouver des solutions dans l’adversité, à rebondir, à savoir saisir les opportunités au milieu du chaos, à puiser en eux les ressources nécessaires pour se surpasser et « changer le monde »…
Fruit d’un travail de 3 ans, cet ouvrage a été imaginé comme un pont entre 2 mondes qui me sont chers :
- ✔️l’univers de l’Innovation et
- ✔️l’univers du Coaching.
2 mondes qui fonctionnent généralement en parallèle alors qu’il existe de nombreuses passerelles entre les deux…et un objectif commun , celui de la #transformation, du monde par l’innovation et de l’homme par le coaching.
Lors de cette extraordinaire expérience que fut l’écriture de ce livre, j’ai pu compter sur le soutien sans faille et les conseils précieux de nombreux contributeurs que je remercie et notamment de celui que je considère comme mon « mentor », Pascal Viginier, Président honoraire de l’Académie des technologies, qui a accepté de signer la préface. @Michel Giffard, Fondateur de l’Ecole de coaching HEC Paris et l’un des pionniers du coaching en France dès les années 1990, m’a également fait l’amitié d’être mon postfacier.
Au fil des pages, vous croiserez également la route de personnalités inspirantes, des innovateurs avec du talent et du cœur, qui ont accepté avec enthousiasme de prendre part à ce projet et de transmettre leur expérience du savoir-innover :
@Marc Giget, @Thomas Pesquet @Sidney Rostan @Claude Brousseau PGA Master @Sylvie Borzakian @David Bordessoules @Frederic Caillaud @Helene Campourcy @Jacky Z. Chang @Sophie Troussard @Jean-Marc FONTAINE @Patrick Peureux @ Jean-Charles Pierre GUILLET @Sylvain Clemendot @Julie Levy @Albert Meige Arnaud Donckele @Clara Berruyer @Vincent Crosville @Morgane Depoorter @Laurent Dassault @Laure Bomo @christophelienard @fabricemezieres @jean-yvesleonnec @laurenerichard @francoiseengrand
Merci enfin à mon éditeur et à son équipe pour la confiance accordée.
À tous ceux qui souhaitent prendre part à la construction d’un monde nouveau meilleur, apprenez à mobiliser intelligence cognitive et intelligence émotionnelle… Chefs d’entreprise, professionnels de l’innovation (directeur innovation, directeur marketing, directeur digital, directeur informatique…), DRH, professionnels de l’accompagnement, formateurs, coachs, consultants spécialisés en développement personnel ou, tout simplement, lecteur potentiel désireux de progresser personnellement, en période de transition ou de résilience, bon voyage au cœur du meilleur de l’innovation !
Savoir-Innover : Rencontre avec Sylvie Brémond Mookherjee | 12/2022
Paru dans le Figaro du 09/12/2022
L’innovation, école de la résilience.
Dans la série consacrée à ce qui fait que « les innovateurs sont plus heureux »(*), je propose aujourd’hui l’attitude de résilience. Définie en psychologie comme « un traumatisme à surmonter », c’est aussi une philosophie de vie dont Confucius fait l’éloge : « Nulle pierre ne peut être polie sans friction, nul homme ne peut parfaire son expérience sans épreuve ». L’innovation est un terrain d’expérience du risque, et donc de l’échec, qui renforce la capacité à absorber et rebondir. Et inversement la résilience rend confiant sur sa capacité de rebond, donc à innover et à vivre sa vie avec plus d’assurance. Innovez, vous vous renforcerez.
Innovation disruptive, essence de la résilience
L’innovation comporte en elle-même les ingrédients pour créer un traumatisme. L’innovateur doit gérer son idée pour la faire aboutir en surmontant des obstacles inévitables – ressources, jalousie, malveillance…- . La dimension émotionnelle est très forte avec la peur liée au risque que son projet n’aboutisse pas comme 80% des idées puisqu’à peine 20% se transformeront.
L’innovateur a à gérer aussi la capacité des autres à accepter son idée et à surmonter l’inévitable destruction que va entrainer la nouvelle solution. Innover est donc une rude école du changement et, lorsqu’il s’agit d’innovation disruptive, du risque et de l’échec.
Steve Jobs modèle de résilience
Les quatre grandes périodes entrepreneuriales dans la vie de Steve Jobs peuvent être analysées au regard de la résilience.
Chacune est comme un rebond de survie après un évènement traumatisant que ce soit la création d’Apple, le limogeage de chez Apple avec la création de NeXT à l’acquisition de Pixar, les innovations à répétition au retour chez Apple et la quatrième étape qui a suivi l’annonce de son cancer du pancréas. Mais toutes ces étapes et cette force de résilience viendrait du traumatisme premier, celui de l’abandon par sa mère à sa naissance.
Ce qui aurait pu rester comme un traumatisme est devenu une force de rebond. Son limogeage de chez Apple, alors qu’il l’avait mené au sommet en 4 ans, a réouvert sa blessure d’abandon : « J’ai eu l’impression de recevoir un coup de poing dans le ventre, j’étais sonné je n’arrivais plus à respirer ». (**). Et Job parvient à surmonter cette épreuve. Alors qu’il s’est fait limoger à la fin du mois de mai dès le mois de juin il se rend à Paris pour donner une conférence à une Apple expo. Et septembre il présente son nouveau projet au conseil d’administration : « J’ai beaucoup réfléchi et je crois qu’il est temps pour moi de tourner la page ».
L’innovation rend « anti-fragile »
La pratique de l’innovation permet de relativiser les échecs en s’affranchissant du regard des autres sur ce qu’est la réussite. Un innovateur pourra trouver satisfaction à avoir juste tenté sa chance, ou voir son idée reprise par un autre ou encore à reprendre celle d’un autre, dépassant ainsi le NIH (***) bien connu en innovation.
La mise à distance de l’ego façonne la personnalité et rend différent. « La force de l’innovation c’est qu’elle donne l’impression de se sentir quelqu’un de spécial » et à l’instar de Steve Jobs je vous invite à suivre son exemple « Think different » pour devenir résilient.
(*) Revue RH&M AVRIL 22 N°85 « Pourquoi les Innovateurs sont-ils plus heureux ? » JUILLET 22 N°86 « Les startups, eldorado de l’innovation pour les jeunes »
(**) « Steve Jobs, la vie d’un génie » Walter Isaacson
(**) NIH « Not Invented Here » syndrome des chercheurs qui préfèrent inventer que reprendre les idées des autres. L’open innovation, qui consiste à solliciter des idées à l’extérieur de l’entreprise a contribué à le dépasser